Nous devons d'abord comprendre la méthode dialectique de penser, méthode définie par les philosophes idéalistes allemands, en particulier par (1770-1830)
La logique classique pose comme première loi de la pensée qu'on ne doit pas se contredire. Il s'agit alors d'une pensée linéaire. La pensée n'est pas contradictoire car elle serait alors erronée. Au contraire, pour Hegel, la pensée ne progresse que par la dialectique, i.e. par la synthèse d'idées qui s'opposent.
• Chez la dialectique se trouve dans la discussion amicale. L'ami émet une idée, son interlocuteur émet une idée contraire ou différente, et d'un commun accord on cherche à unifier ces deux idées opposées. On aboutit ainsi à une synthèse: ce qui constitue une connaissance. Les oppositions dans la discussion font avancer la connaissance. Une nouvelle idée sera comme une antithèse de la première et une nouvelle synthèse se formera ainsi...
Par exemple: je dis que pour moi l'élément fondamental dans une civilisation c'est ce qui vient de la tradition.
Non, dit l'autre. Pour moi , ce qui constitue l'aspect le plus important d'une civilisation, c'est l'aspect de création de réalités nouvelles, au fond c'est le progrès.
Puis, on en vient d'une commun accord à découvrir que la civilisation constitue une synthèse du progrès et de la tradition. Ce mouvement de la discussion thèse-antithèse-synthèse est dit dialectique.
• cherchant à définir le devenir parlera du passage de la puissance à l'acte; et pour définir l'être mobile, il fera appel à deux principes d'être: la matière, en soi pure indétermination, et la forme qui détermine la matière à être telle. Bien que cette façon de penser ne soit pas dialectique, mais toujours comprise comme linéaire, elle permettra à Hegel de mettre l'accent sur la privation d'être et l'indétermination de la matière et sur la détermination de la forme pour que l'être devienne.
La mobilité de l'être (le changement dans l'être) s'explique par le fait que celui-ci est composé de matière et de forme, deux principes d'être qui sont complémentaires et qui ne peuvent exister séparément. Le marbre devient statue de sous le ciseau du sculpteur qui fait apparaître une forme nouvelle. Le marbre au départ est à la fois ce qu'il est et ce qu'il n'est pas; il est en puissance à devenir autre, il est en puissance la statue de Socrate: il sera en acte la statue de Socrate lorsque le sculpteur aura fait apparaître la forme de Socrate.
• Hegel dira que la loi du devenir qui apparaît dans la discussion platonicienne, et la loi du devenir de l'être mobile est la loi même du devenir de la pensée.
D'accord avec pour soutenir que "être c'est penser": mais penser c'est connaître le monde qui est devant moi. C'est donc exister d'abord comme un "je" qui n'est par lui-même rien de défini, mais qui a en face de lui un monde (antithèse) et qui devient être conscient par la connaissance de ce monde (synthèse).
Si je passe maintenant de la définition de mon être à celle du réel dans son ensemble, on peut dire que celui-ci est d'abord un "je" pensant, un esprit qui est l'être pur, qui semble un pur néant; cet esprit produit son antithèse: le monde sensible. Puis il réalise sa synthèse avec lui et prend ainsi conscience de lui-même en devenant au sein des sociétés organisées ou États, ces réalités spirituelles que sont le Droit, la Religion, l'Art, la Morale, la Philosophie.
Hegel pourra donc dire que la dialectique est la loi de la pensée; et que ce qui existe, le réel est la pensée réalisée.
Par exemple, à Iéna, quand il voit défiler l'armée française victorieuse avec, à sa tête, Napoléon sur son cheval, il voit l'incarnation de l'Esprit. L'État devient la réalité suprême et se trouve ainsi divinisé: il est Dieu réalisé.
• renversera ce schéma de Hegel. Pour lui la dialectique n'est pas la loi de la pensée, mais la loi de la matière. Celle-ci évolue dialectiquement, et la pensée n'est que le reflet de la matière.
Ainsi par exemple, le grain que l'on met en terre, doit d'abord mourir, c'est-à-dire se nier; cette négation produit la tige qui est la négation de cette négation. La pensée n'est que le reflet de cette réalité matérielle.
Partage